Prenez un vieux bout de manche d’aspirateur en métal, posez-le parterre et tapez dessus avec un autre objet. Le son obtenu est quelconque. Mais disposez ce même élément sur les bords d’une boîte en sajex et vous obtiendrez un son limpide, cristallin. C’est sur ce principe de mise en valeur d’objets de récupération propices à la création de sons que Bill Holden motive ses troupes pour la conception d’objets sonores. Dans son atelier de construction, on trouve des objets aussi divers que surprenants: bouts de tringles à rideau, vieux skis, bidons en plastique, roues de vélo et autres boîtes de conserves. “Quand un enfant a une idée de départ, je lui demande d’abord de la dessiner avec le plus d’indications possibles”, précise l’animateur. Le résultat est surprenant. Une guitare est confectionnée avec un manche de bois, une boîte de biscuits et du fil de pêche. Un banjo l’est avec une boîte de conserve, un manche à balais et des fils d’acier. “Ces instruments ne sont pas accordés sur la gamme ordinaire. Le but est de produire des sons de différentes manières”, explique Bill Holden, en faisant une démonstration sur un “Skidephone”, ski avec à chaque extrémité du sajex pour amplifier les vibrations de quatre cordes tendues sur le bois, et qui produisent un son modulable grâce à une pédale au bout d’une ficelle cintrant l’instrument en son milieu…

Eveil musical progréssif

Sans imposer d’idées préconçues concernant le style ou le genre de musique pratiquée, Bill Holden a amené depuis bientôt vingt-cinq ans, un bon millier d’enfants à découvrir et à affirmer leurs possibilités de création, à travers une recherche personnelle et en s’intégrant au groupe dans le cadre de jeux musicaux proposés par eux-mêmes ou par l’animateur. Sensibilisation à ce qui précède les acquisitions techniques qu’implique l’apprentissage d’un instrument, cet éveil musical chez l’enfant se fait progressivement, par étapes: exploration du monde sonore, dimension imaginaire de la musique, organisation de différents rythmes et tonalités. Le tout sans cacophonie aucune, dans le respect et l’écoute de l’autre. Les petits élèves adorent ça et en redemandent, parfois durant plusieurs années.

Tiré du Courrier Neuchâtelois, octobre 2005.